Les gouvernements africains doivent reprendre le contrôle du secteur de l’eau
Le 28 juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 64/292, qui déclare que l’eau propre et salubre est un « droit fondamental, essentiel à la pleine jouissance du droit à la vie et de tous les droits de l’homme ». La résolution appelle les États et organisations internationales à « fournir des ressources financières, renforcer les capacités et transférer des technologies par le biais de l’assistance et de la coopération internationales, en particulier pour les pays en développement ».
Les crises de l’eau restent un problème majeur au Cameroun et dans la sous-région de l’Afrique centrale. Selon le rapport 2019 du programme conjoint de surveillance de l’OMS/UNICEF, seuls 57% de la population camerounaise ont accès à l’eau potable. Le manque d’accès à l’eau n’est pas seulement courant dans les zones rurales, où le besoin est le plus grand, mais aussi dans la capitale Yaoundé, où 69 % des ménages sont confrontés à au moins quatre pénuries d’eau par mois et 51 % des sources d’eau (puits et forages) dépassent Norme de nitrate de l’OMS.
En 2018, le Cameroun a fait un grand pas en renationalisant son secteur de l’eau après dix ans sous gestion d’entreprise et a également décidé de supprimer les taxes sur les factures d’eau pour toutes les consommations inférieures à 20m3.
Nous sommes tous conscients que la privatisation entraîne des augmentations de tarifs, un manque de responsabilité publique et de transparence, des coûts d’exploitation plus élevés, un service client moins bon et des pertes d’emplois. Au Cameroun, malgré les pénuries d’eau et les factures élevées qui ont rendu difficile la subsistance des pauvres, la CDE (la société privée qui gérait le secteur de l’eau) a réclamé 101 milliards de francs CFA (19 millions de dollars US) en compensation. La même chose est arrivée au Gabon, où Veolia a réclamé 65 milliards de FCFA à l’État. Les opérateurs privés de l’eau réclament souvent une compensation lorsque les opérations sont remunicipalisées ou renationalisées – un rappel que la meilleure façon d’éviter les coûts de la privatisation de l’eau et les conflits avec le secteur privé n’est pas de privatiser l’eau en premier lieu.
Au Centre africain pour le plaidoyer, nous savons que nos gouvernements ont la capacité de donner la priorité à leurs citoyens dans chaque décision qui est prise. C’est pourquoi nous plaidons pour que la gestion sûre et durable des services d’eau et d’assainissement soit accessible à tous.
Nous préconisons en collaboration avec d’autres ONG et syndicats comme Corporate Accountability and Public Participation (CAPPA), Corporate Accountability (CA), Public Service International (PSI) et le Syndicat National Autonome des Travailleurs de l’Énergie, de l’Eau et des mines du Cameroun (SYNATEEC) de maintenir l’eau dans le domaine public et de rejeter toute forme de privatisation de l’eau au Cameroun.