La société civile se rassemble pour la remunicipalisation des services d’eau au Cameroun

Du 13 au 14 juin 2019, s’est tenu à Yaoundé un atelier organisé par le SYNATEEC (Syndicat National Autonome des Travailleurs de l’Energie, de l’Eau et des mines du Cameroun)  avec l’appui technique et financier de l’International des services publics (ISP)– sur le thème ‘’la remunicipalisation du service public de distribution de l’eau potable au Cameroun’’. L’objectif de cette rencontre était de mettre en place une plateforme des syndicats, des organisations de la société civile, communes, organisations religieuses, afin de maintenir la gestion de l’eau entre les mains du secteur public. Parmi les vingt-une(21) organisations participantes, on peut citer le FODER (Forêt et Développement Rural), le SAILD (Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement), CVUC (Communes et villes unies du Cameroun) et ACA (African Center for Advocacy).

Bien que le gouvernement ait décidé de reprendre en main la gestion du secteur de l’eau, par le biais de CAMWATER, les participants à cet atelier ont tenu à soulever quelques défis qui pourraient entraver un processus qualitatif transparent de la distribution de l’eau à tous les citoyens et son maintien comme bien public. Certains de ces défis comportent quelques critiques à l’égard de la situation sociaux politique et économique du Cameroun.

Par exemple, de nombreux participants trouvent qu’une bonne partie du budget de l’État est consacrée aux conflits qui sévissent dans les régions anglophones du pays et au grand nord (contre les insurgés de Boko Haram). Par conséquent, ‘il ne reste que peu d’argent pour financer les services publics’.  Un autre défi majeur provient du fait que le Cameroun est toujours dans une position de faiblesse par rapport aux institutions internationales telle que la Banque mondiale, qui promeut la privatisation et les partenariats publics privés. Par conséquent, ces institutions pourraient facilement influencer le gouvernement afin qu’il privatise le secteur de l’eau.

Fait important, lors des discussions, les participants ont émis l’idée de créer une ‘union forte’ entre acteurs de la société civile afin de suivre de près les activités du gouvernement et veiller à ce que l’eau reste entre les mains du secteur public et que sa gestion soit faite de manière transparente.

« Traditionnellement, l’eau nous appartient et religieusement, elle nous a été donnée par Dieu. L’argument selon lequel l’eau est chère n’a pas d’importance, car c’est une ressource naturelle et nous devons la gérer de façons transparente et durable », a déclaré Fatou DIOUF, Coordonnatrice de projet pour l’Afrique francophone à l’International des Services Publics.

Cette ‘union’, désormais sous forme de plateforme, mènera une campagne dont l’objectif à long terme est de progresser vers une remunicipalisation du secteur de l’eau et de disposer d’une législation qui reconnaît l’accès à l’eau comme un Droit Humain au Cameroun.

A l’issue de cette rencontre de deux jours, deux commissions ont été mises en place afin de mieux coordonner les efforts de plaidoyer des organisations de la société civile. Il s’agit notamment de :

  • La commission plaidoyer – qui sera chargée de mener des actions envers les autorités exécutives et législatives afin de s’assurer, entre autres, que la loi sur l’eau, en cours d’élaboration, reconnaisse l’accès à l’eau comme un Droit Humain au Cameroun,
  • La commission pour la communication – qui sera chargée de planifier, élaborer, produire et mettre en œuvre des activités de communication internes et externes sur les activités de la plateforme.

Un groupe WhatsApp regroupant toutes les organisations participantes a aussi été créé avec pour première activité de trouver un nom à la plateforme.

L’atelier s’est clôturé par une réaffirmation d’engagement des différentes organisations à soutenir cette campagne afin qu’elle soit une réussite.